Une fois que vous avez fixé votre besoin en termes de plaidoyer (voir article précédent), il faut le traduire :
Là, on va parler priorisation !
C'est le plus gros problème que je rencontre quand je discute plaidoyer avec des structures. C'est l'erreur qui est souvent commise tant les besoins peuvent être nombreux.
En courant plusieurs lèvres à la fois, en se dispersant, c'est le meilleur moyen de perdre sur tous les tableaux.
Il faut du temps pour faire passer un message, le faire entendre, qu'il soit écouté, compris et qu'il se transforme en action pour vos destinataires. Si un nouveau message en chasse un autre, vous n'avez pas l'opportunité de creuser, de faire comprendre et d'instiller un changement qui s'inscrit dans la durée.
Il est donc nécessaire de choisir une ou deux revendications/objectifs, pas plus.
Choisir la revendication n'est pas très compliquée si vous avez bien identifié le besoin et surtout si celui-ci repose sur un plaidoyer réactif.
Si vous êtes sur un objectif, la tâche peut être plus complexe. Un moyen pour aider est la technique des cinq pourquoi. Cet exercice est assez simple à réaliser et consiste à approfondir les causes réelles, profondes.
Donnons deux exemples pour illustrer.
Exemple 1 : pourquoi changer la loi ?
Partant de cet exemple, on pourrait choisir comme objectif : changer la loi pour qu'elle s'attaque à la racine du problème par une meilleure connaissance des réalités du terrain.
Exemple 2 : pourquoi gagner en légitimité ?
Avec cet exemple, on peut fixer comme objectif : gagner en légitimité pour accroitre notre capacité de faire évoluer la société.
Lorsqu'on applique cette méthode, on peut ajouter à la question du "pourquoi ?", la question du "comment ?" qui vient renforcer la pertinence des réponses et est un guide supplémentaire pour aider à déterminer son objectif. Les différentes réponses aux "pourquoi ?" et au "comment ?" seront, en plus, des aides pour fixer des objectifs opérationnels et apporter des éléments de réponses sur les actions à entreprendre pour construire votre plaidoyer.
Délibérément, je ne fais pas référence à la logique d'identification d'un objectif SMART (Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste et Temporellement défini), très répandu dans le management ou la gestion de projet.
Vous pouvez adopter cette voix, mais elle n'est pas la seule.
En effet, le plaidoyer se déploie bien au-delà d'un cadre précis défini à l'avance. Un échec à court terme peut être une victoire à long terme. Un échec sur votre revendication peut être une victoire sur de futures revendications.
Les conséquences d'un plaidoyer peuvent se faire ressentir sur une période longue et sur un public bien plus large ou fort différent que celui de départ. Cela ne signifie nullement que votre campagne a échoué. Vous pouvez, bien évidemment, déterminer des résultats attendus, des moyens de valider ces résultats et une période, mais soyez ouvert à l'inattendu.